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Le Miraculé voir ce film

Freestyle motocross. Sylvan, le miraculé

Sa vie n’a tenu qu’à un fil. Engagé dans un cirque allemand sur sa «moto volante», le Morlaisien de 25 ans Sylvan Masson s’est mal réceptionné, lors du show de Noël dernier. Huit jours de coma, dix-sept fractures et «un grand trou noir» plus tard, l’amoureux fou du freestyle motocross se dit prêt à y retourner.

300.000. C’est le nombre de messages de soutien que Sylvan Masson a reçu sur sa page Facebook, après son réveil, le 6 janvier dernier, dans le service de soins intensifs de l’hôpital de la Charité, à Berlin. «J’en avais plus de 1.100 autres sur mon téléphone portable. Une cagnotte s’était mise en place pour soutenir ma famille et l’aider à venir de Morlaix jusqu’en Allemagne. Tout le petit milieu mondial du freestyle motocross s’est mobilisé. C’était démesuré, je ne réalise pas encore…». Reposé, le regard doux, Sylvan Masson nous reçoit chez ses parents, dans la campagne morlaisienne. Il y finit sa convalescence, entamée il y a trois mois. Nous l’avions rencontré au même endroit, en avril 2015.

Étudiant en architecture, le jeune homme célibataire racontait alors sa passion et sa pratique du freestyle motocross, une discipline «quelque part entre la gymnastique et la moto», méconnue et peu pratiquée, au vu du coût et des dangers qu’elle implique. Elle lui avait d’ailleurs coûté une double fracture des poignets, un an plus tôt.

Aucun permis moto

À l’époque, Sylvan Masson, sept ans de pratique, s’apprêtait à rejoindre la tournée de plusieurs cirques, dont Flic Flac, en Allemagne. Après des représentations à Wesel, puis Herne, le show s’est sédentarisé à Berlin, en septembre dernier. «J’y participais, six jours sur sept, avec trois autres motards. On enchaînait les figures à dix mètres au-dessus du sol, sur un numéro de cinq minutes en tout. Une troupe et une ambiance super, ce style de vie me convient parfaitement. J’allais tous les jours à la salle de sport, bien s’entretenir est fondamental dans ma discipline. ».

Le 29 décembre, Sylvan Masson devait enchaîner ses cinq sauts, comme à l’ordinaire. « Chaque saut est millimétré, je les répète tous les jours des dizaines de fois dans ma tête. Je ne suis pas un casse-cou, je ne laisse rien au hasard », assure le Morlaisien, qui précise n’être titulaire d’aucun permis moto, «car j’en connais les dangers, je ne voudrais pas être pénalisé bêtement dans mon métier, à cause d’un accident de la route ».

Hospitalisé avec les victimes de l'attentat de Berlin

Une chute et puis le coma. C’est lors du deuxième saut que l’accident, de travail celui-là, est arrivé. «Je faisais le "Holly Man to Indy", où je lâche quelques secondes complètement la moto en l’air. Tout était parfait, je n’ai pas commis d’erreur. Il y a eu un problème à la réception, mais je ne m’en souviens pas. On a beau regarder à nouveau la vidéo, on ne comprend toujours pas. Mes amis Arthur et Simon, qui étaient venus me voir spécialement de France et étaient dans la salle, ont tout de suite compris que j’étais tombé. C’est eux qui m’ont récupéré, inconscient, au sol, dans les coulisses. Le public ne s’était rendu compte de rien».

Dans le coma et polytraumatisé, Sylvan Masson est transféré en réanimation, dans le même hôpital que les victimes de l’attentat, commis une semaine plus tôt à 150 mètres du cirque, sur la Breitscheidplatz, à Berlin. Arthur Leprêtre, 25 ans, est toujours à ses côtés. C’est lui qui, en effectuant les bons gestes avant l’arrivée des secours, a sans doute sauvé la vie de son ami blessé. «Sylvan était touché à la tête, aux poumons, à la rate… Arrivés à l’hôpital, les médecins étaient pessimistes et nous ont préparés au pire. J’ai fait le job en attendant la famille mais j’étais écrasé», raconte aujourd’hui le jeune homme, chef d’entreprise à La Baule (44).

Le manque est plus fort que la peur

Romain Vicente, le copain batteur de la troupe Flic Flac, aux premières loges car bilingue, a, lui aussi, retenu son souffle. Jusqu’à ce 6 janvier, où Sylvan Masson s’est réveillé. «Il avait 17 fractures mais il allait se réparer. Sa condition athlétique et son mode de vie sains ont été décisifs. C’est une leçon incroyable. Sylvan n’est pas une tête brûlée. Mais les médecins l’ont bien dit. c’est un miraculé. », poursuit le musicien de 30 ans. Depuis son retour en Bretagne, le 16 janvier, Sylvan Masson n’est pas remonté sur une moto. Mais il a repris le sport et commence tout doucement à se réentraîner. S’il a conscience «d’avoir eu une bonne étoile», le Morlaisien n’a pas l’intention de raccrocher pour autant. «Le manque est plus fort que la peur. J’écoute mon corps, je ne veux pas aller trop vite. Mais si je peux être au niveau à l’automne, le cirque Flic Flac me réaccueillera».

D’ici là, Sylvan se sera fait faire un nouveau tatouage. En anglais, comme les deux autres «Ride to live» (Rouler pour vivre) et «Live to ride» (Vivre pour rouler). Son texte. «What does not kill you make you stronger». Ce qui ne te tue pas te rend plus fort…

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